« La Pagode » de Douala
18 06 2011Généralités :
Le palais des rois Manga Bell, surnommé « La Pagode » en raison de son architecture, est une des figures emblématiques de Douala. Il est situé dans le quartier administratif de Bonanjo, à l’angle de la place du Gouvernement. Le surnom de Pagode vient de l’écrivain français Louis Ferdinand Destouches, plus connu sous le nom de Céline, qui a séjourné à Douala de 1916 à 1917 et qui le désigne ainsi dans son roman « Voyage au bout de la nuit ».
La Pagode fut construite en 1905, pendant la période allemande, par Auguste Manga Ndoumbé à son retour d’Angleterre où il avait fait ses études de commerce à l’université de Bristol. A cette époque le style indien et asiatique était très en vogue.
Son fils Rudolf Douala Manga Bell, 12èmede la dynastie, eut un règne très court : 1908-1914. Il fut destitué, accusé de trahison et finalement pendu par les allemands le 8 août 1914. Il a été déclaré héros national en 1985 par le Président de la république camerounaise.
A l’arrière du palais se trouve le tombeau des rois Bell. Ce tombeau a été inauguré en 1936 par le prince Alexandre Ndoumba Douala premier représentant du peuple camerounais à siéger à l’Assemblée Nationale française. Y sont inhumés :
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Ndoumb’a Lobe (roi de 1858 à 1897) pacifie le pays sawa et son influence s’étend sur tout le littoral, du sud (Ntem) au nord (Mungo). Il est cosignataire avec Dika Mpondo Akwa, du traité du 12 juillet 1884 qui institue le Protectorat allemand et préserve leurs droits fonciers aux Douala. Sous son règne prend fin le monopole douala de commerce intermédiaire avec l’hinterland.
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Auguste Manga Ndoumbe (roi de 1897 à 1908), grand bâtisseur, développe une économie de chasse d’éléphants et de plantation, et utilise les revenus du cacao, de l’huile de palme, du bois et de l’ivoire pour faire de gros investissements immobiliers à Bonanjo. Il constitue une des plus importantes fortunes jamais amassée par un roi Douala.
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Rudolf Douala Manga Bell (roi de 1908 à 1914), consacre essentiellement son règne à combattre le projet allemand d’urbanisme Gross Duala qui préconise, entre autre, l’expropriation des indigènes de Bonanjo, d’Akwa, de Deïdo, pour les expédier dans les quartiers de Neu-Bell, Neu-Akwa, Neu-Deïdo, au-delà d’une Freie Zone, bande de démarcation entre Européens et indigènes, large d’un kilomètre. Il perd ce combat et est pendu le 8 août 1914.
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Alexandre Ndoumb’a Douala (roi de 1950 à 1966), héritier tragique, rentre au Cameroun en 1919, après avoir passé sa jeunesse en Allemagne, ce qui incite l’administration française à le suspecter de germanophilie. Il passera plus de 30 ans à se battre pour accéder au trône. Il y parviendra en 1950, mais ne réussira jamais à rétablir la totalité de ses droits. En 1945, il est élu représentant du Cameroun à l’Assemblée nationale française et devient l’un des premiers députés africains. En 1958, il démissionne de ses mandats politiques et se retire de la vie publique.
Dans les années 1920 la Pagode a abrité les bureaux de la compagnie forestière Sangha Oubangui ainsi que le siège de la société navale de l’ouest. Le hangar a permit au premier cinéma de Douala, « Le Paradis », de voir le jour. Le dernier étage de la Pagode a accueilli le restaurant « La Croix du Sud ». Elle abrite actuellement l’espace Doual’art grâce à l’initiative de Marilyne Douala Bell, une des petites-filles de Douala Manga Bell.
Comment y accèder :
Si vous arrivez par la route de Yaoundé, suivez la voie rapide qui longe l’aéroport puis au carrefour à l’entrée de Douala, prendre à gauche l’avenue Charles de Gaulle. Vous traversez le quartier Bonanjo et arrivez à la place du gouvernement où se trouve la Pagode.
Si vous arrivez du pont du Wouri, prendre à droite après le pont l’avenue général Leclerc qui longe le port de commerce puis au niveau de la cathédrale de Douala, prendre à droite vers Bonanjo la rue Joss.
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